Terminus !

Deuxième partie

Dirigés d’emblée sur la bonne voie, nous ne franchissons aucune aiguille et rejoignons la voie 2 sans difficulté. Après huit kilomètres, notre conducteur se voit dans l’obligation de réduire sa vitesse afin d’aborder une aiguille prise en pointe à une vitesse raisonnable. Douze kilomètres après notre départ, et quelques sept minutes plus tard, nous voici sur le raccordement de la ligne à grande vitesse Est-Européenne. Notre conducteur, techniquement incapable de se fier à des indications de signalisations présentes le long de la voie, doit à présent vérifier l’armement du système permettant la réception de la signalisation en cabine (le CAB-Signal) afin de recevoir toutes les informations nécessaires à la conduite, directement sur son écran principal. Le CAB s’est armé normalement, et nous recevons directement l’indication “300” à l’écran, nous autorisant à circuler à la vitesse de 300 km/h, que nous atteignons après une montée progressive.

Paliers de limitation de vitesse du PK 0.00 (Gare de Paris-Est) au PK 50 de la LGV-Est circulée jusqu’à 320 km/h.
Source : La Vie du Rail.
Profil de ligne de Paris-Est à Champagne-Ardenne-TGV
Source : La Vie du Rail.

Le paysage et les poteaux caténaires défileront de plus en plus vite et nous trouverons notre vitesse maximale très rapidement puis nous filerons en tentant de maintenir la cadence en tenant compte des différentes pentes et rampes de la ligne. Les compétences du conducteur, la connaissance de ligne qu’il a acquis et la technique embarquée à bord de l’engin moteur nous permettront de maintenir une vitesse moyenne établie à trois cent douze kilomètres par heure sur près de deux cent vingt kilomètres au total. Nous passerons plusieurs raccordements (dont celui de Baudrecourt qui n’est plus utilisé qu’en cas d’incidents sur la ligne) et deux gares (Lorraine-TGV et Meuse-TGV implantées respectivement aux PK 287 et PK 213) sans ne sentir aucun mouvement de la rame tant la voie est parfaitement alignée. La technologie avancée du cœur d’aiguille mobile y est très certainement pour quelque chose !

Arrivée au sommet d’une forte pente sur LGV-Est.

Ce n’est qu’à partir du PK124, et sous une épaisse couche de brouillard matinal, soit dix kilomètres seulement avant le raccordement menant à la capitale champenoise, que nous ralentirons significativement suite à une série de séquences en cabine se stabilisant sur l’indication « 170 ». Cette séquence de ralentissement est certainement dûe à l’insertion d’une circulation en provenance de Reims devant nous. Nous reprendrons notre vitesse nominale à partir de la gare de Champagne-Ardenne-TGV.

Douze kilomètres avant notre sortie de la ligne à grande vitesse, nous franchissons deux bifurcations se raccordant à une ligne à grande vitesse d’interconnexion menant successivement vers le sud (et la gare de Marne-la-Vallée-Chessy- TGV), et vers le nord (vers la gare de Roissy-Charles-de-Gaulle-TGV 2).

Notre sortie de la ligne à grande vitesse, et le retour sur la ligne historique s’effectue au fruit d’une décélération conséquente, nous ramenant à la vitesse de deux cent vingt kilomètres heures, que nous tiendrons durant six bons kilomètres, où intervient alors la suppression du système de signalisation en cabine. Enfin, en sortie de la ligne à grande vitesse, et à cet instant précis, la signalisation est présentée à gauche, ou au dessus de notre voie.

Notre vitesse est rapidement réduite à cent soixante kilomètres par heure sur une distance de deux kilomètres, puis cent trente sur quatre petits kilomètres, puis cent vingt sur les dix derniers, avant d’aborder en douceur le dernier kilomètre limite à trente kilomètres par heure.

Le doigté de notre conducteur chevronné nous immobilisera en gare terminus en jouant tant avec le frein électrique que pneumatique pour nous offrir un arrêt tout en douceur.

La gare, en “cul-de-sac”, typique des gares de la capitale, ne permet qu’une arrivée progressive et à faible vitesse en raison de la présence d’un heurtoir en bout de quai. Nous entrons en gare sur la voie 6 aujourd’hui, soit sur le même quai d’où part le Venice-Simplon-Orient-Express assez régulièrement (quai 5/6). Depuis la cabine, nous n’avons aucune information qui nous permet de connaître notre voie d’arrivée : le conducteur ne doit se fier qu’à la signalisation.

Aucune opération n’est nécessaire a effectuer une fois arrivé au terminus, si ce n’est la mise en “maintien de service” de la rame.

Terminus, tout le monde descend !