Entre Occident et Orient

De Vienne aux portes de l’Orient

À partir de 1882, la Compagnie Internationale des Wagons-Lits met en circulation son propre train entre Paris et Vienne composé de quatre voitures lits, d’une voiture restaurants et de deux fourgons règlementaires encadrant le convoi.

Face au succès rencontré par le Train-Éclair (Paris-Vienne), l’ambition de Nagelmackers est de prolonger la circulation de ce train vers Constantinople, l’actuelle Istanbul.

Horaires du Train-Éclair entre Paris et Vienne.
Source – Guide Spécial des Wagons-Lits.

La recherche de l’itinéraire idéal entraînera des négociations avec les compagnies ferroviaires et les autorités locales, aboutira à la première circulation de l’Express d’Orient en juin 1883. Cette liaison est révolutionnaire de par sa rapidité, nécessitant seulement 4 jours de voyage pour à peine plus de trois mille kilomètres, bien que ne s’effectuant pas de bout en bout par voie ferrée. En effet, un bateau est nécessaire pour traverser le Danube entre la Roumanie et la Bulgarie, puis entre la Bulgarie et la Turquie.

Dès 1885, face à la demande des voyageurs, le service entre Paris et la capitale Autrichienne devient quotidien.

Illustration : Wagon-Lit de type S n°3425 circulant sur le Venise Simplon Orient-Express.

Ouverture de l’Orient au reste de l’Europe

Entre 1890 et 1900, naissent une relation au départ d’Ostende, puis de Berlin reliant Vienne et permettant la circulation de voitures directes rattachées à l’Orient-Express en provenance de Paris.

Au lendemain du premier conflit mondial et suite à l’ouverture du tunnel du Simplon dès 1906 entre la Suisse et l’Italie, une nouvelle liaison permet de rallier l’Orient depuis Paris (voire depuis Londres grâce à la mise en place de correspondances par ferries). Cette nouvelle route est rendue possible grâce à un ouvrage ferroviaire de près de vingt kilomètres de long entre les villes de Brigue (côté Suisse) et Iselle (côté Italien), nécessitant le travail de 14000 ouvriers des deux pays dont 67 décèderont durant le chantier. Le Simplon-Orient-Express relie Paris à Vienne via Lausanne et Milan.

Il deviendra le Direct-Orient-Express en 1962 et sera remplacé par un Paris – Trieste, puis Paris – Zagreb avec des voitures directes pour Istanbul, Athènes ou Belgrade selon les jours, et circulera sur le même itinéraire jusqu’en mai 1977 lors de sa dernière circulation.

L’Arlberg-Orient-Express, troisième train à relier Paris et l’est de l’Europe, voit le jour en 1924 (dénommé alors Suisse-Arlberg-Vienne-Express jusqu’en 1931) ouvrant un Paris Vienne via Zürich et les stations de ski autrichiennes. Dans un premier temps limité en Autriche, le train sera prolongé jusqu’aux confins de l’Orient grâce à des voitures directes circulant par le tunnel de l’Arlberg, ouvrage de dix kilomètres de long achevé quarante ans plus tôt.

À cause d’une baisse de fréquentation, son trajet reliant alors Athènes d’une part et Bucarest de l’autre est réduit à l’historique Paris – Vienne, lui faisant perdre l’appellation « Orient » en 1962. Il circulera alors sous l’appellation Arlberg-Express jusque sa disparition en 1991.

L’Orient Express de 1883 est quant à lui relégué à la même liaison avec quelques voitures directes pour Budapest et Bucarest jusqu’au milieu des années 1980.

Illustration : Toits de la gare de Paris-Est, anciennement « Gare de Strasbourg », d’où partait l’Orient-Express en 1883.

En 2001, le Direct-Orient d’alors est à nouveau limité à ses premières amours, à savoir une liaison entre Paris et Vienne avant de disparaître en 2007, boudé par les voyageurs privilégiant l’avion. Il est alors résumé en une liaison à grande vitesse au départ de la Capitale jusque Strasbourg ou jusqu’en Allemagne (Stuttgart, voire Munich), où une correspondance est possible à destination de Vienne.

Circulant sur l’itinéraire du Simplon-Orient-Express (via Lausanne), le train 220/221 a été mis en place en décembre 2011 par l’entreprise Thello et relie les villes de Paris et Venise en effectuant divers arrêts notamment à Dijon , Milan, Vérone et Padoue. La rame intègre des voitures à deux ou trois lits par compartiments comprenant un cabinet de toilette privatif, et des voitures à quatre ou six couchettes avec sanitaires sur les plateformes, bien loin des standards de la CIWL.